La pratique de conciliation devrait être inhérente à toute prise en charge médicamenteuse du patient. Elle consiste à intégrer à toute nouvelle prescription les traitements en cours du patient. Dans un établissement de santé, la conciliation des traitements médicamenteux s’effectue aux points de transition que sont l’admission, le transfert et la sortie du patient hospitalisé. Le processus formalisé permet la détection, l’interception et la correction des écarts observés entre la prescription des médicaments rédigée aux points de transition et le traitement de ville du patient. Certains de ces écarts sont intentionnels. D’autres écarts sont non intentionnels, il s’agit d’erreurs médicamenteuses qui doivent être corrigées. L’objectif de cet article est de présenter la réflexion et l’expérience d’une équipe de médecins et de pharmaciens sur le concept de conciliation. Dans le cadre de la participation du centre hospitalier de Lunéville au projet de l’Organisation mondiale de la santé des High 5s, 330 patients âgés de 65 ans et plus, hospitalisés en service de médecine polyvalente à orientation diabétologie après passage aux urgences, ont été inclus en un an. Deux cent quatre-vingt-un de ces patients ont bénéficié d’une conciliation de leur traitement à l’admission. Deux cent quatre-vingt-quatorze divergences intentionnelles mais non documentées sont interceptées chez 122 patients ; celles-ci sont potentiellement source d’erreurs. Également 251 divergences non intentionnelles sont observées chez 110 patients. Ces patients (39,1 %) présentent au moins une erreur médicamenteuse interceptée et corrigée. L’analyse des résultats a permis d’identifier les facteurs favorisant l’implantation de la conciliation dans notre pratique quotidienne mais aussi les freins à sa mise en œuvre. Mais d’ores et déjà, les équipes pharmaceutiques et médicales sont convaincues de l’importance de la conciliation dans la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse du patient hospitalisé.