L'introduction de nouvelles thérapeutiques dans un processus de soins est une période périlleuse dont le risque est d'autant moins tolérable que le bénéfice escompté est ténu. Un nouvel anticoagulant en prise orale, le rivaroxaban, a fait l'objet d'un encadrement particulier avec, d'une part, la réalisation de séances d'éducation thérapeutique (ET) et, d'autre part, une surveillance des interactions médicamenteuses et des effets indésirables afin d'évaluer son bénéfice réel comparativement avec les anticoagulants préexistants. Par la suite, une évaluation du programme mis en place a été réalisée. Après deux séances d'éducation thérapeutique, la connaissance de l'horaire de prise du traitement anticoagulant a bien été acquise alors que les connaissances concernant le nom du médicament et la détection des signes de saignement ont été faibles. L'augmentation des connaissances entre deux séances a souligné l'importance de l'ET au cours de l'hospitalisation. L'observance est facilitée par la prise orale et renforcée par le programme d'éducation thérapeutique. En parallèle, les saignements postopératoires après chirurgie prothétique réglée ont été mesurés avant et après introduction du rivaroxaban à la place de l'enoxaparine. L'analyse des saignements périopératoires n'a pas mis en évidence de différence statistiquement significative (p = 0,26). Le rivaroxaban offre au patient un bénéfice en termes de confort et de compliance. Ses effets indésirables restent acceptables sans augmentation majeure du saignement postopératoire. Même si des améliorations restent à faire, l'ensemble des résultats plaide en faveur de la pérennisation de la démarche entreprise. Cette dernière a ainsi permis d'encadrer l'introduction du rivaroxaban tout en évaluant nos pratiques quotidiennes, dans une démarche d'amélioration continue de la qualité des soins.