La préparation cutanée par une douche préopératoire est un facteur contributif bien établi de la sécurité de la prise en charge chirurgicale. Ceci a conduit à des recommandations formelles concernant ses modalités techniques (produits à utiliser, traitement des pilosités…) sans que soient abordées les conditions concrètes de leur mise en œuvre. En partant d’une situation clinique concrète et fréquente, les auteurs examinent ce qui se joue autour de la réalisation de ce soin, souvent réalisé au domicile par le patient lui-même ou ses proches, en fait un véritable « travail du malade ». Cette analyse prend en compte successivement les informations données au patient (contenu et modalités), la prévision de difficultés potentielles de réalisation, le contrôle de la réalité et de l’efficacité de la douche à l’entrée dans le service, puis au bloc opératoire, les décisions à prendre en cas de défaillance… Des dimensions contextuelles sont mises en évidence : nécessaire respect de l’intimité du patient, mais aussi ambiguïté de la parole sur la propreté perçue comme un jugement de qualité de vie et de respectabilité, « évitement » d’une procédure ancillaire sous-évaluée, partage des tâches imprécise dans l’équipe soignante, faiblesse du partenariat soignants-soignés, effet de la charge de travail et du rythme rapide imposé par le « virage ambulatoire ». On conçoit que la réalisation optimale de ce soin utile, peu technique (sinon simple), peu coûteux et sans risque particulier se heurte à de nombreux obstacles pratiques. Les auteurs formulent des propositions pour que les recommandations soient améliorées en précisant les tâches propres aux différents acteurs dans un esprit de partenariat efficace avec le patient.
Skin preparation involving preoperative showering is a well know contributive factor for safer surgical care. This has led to the issue of formal technical guidelines (products to use, how to process hair). However, practical details on how they should be implemented have not been approached. Based on a frequently occurring clinical situation, this article examines what is involved in this healthcare operation, often conducted at home by the patient or his relatives, in fact a true “patient job”. This analysis successively examines the information given to the patient (content and modalities), the forecasting of potential operational difficulties, the checking of the true realisation and efficacy of the shower on admission to the ward and then in theatres, the decisions to be taken in case of default... Context-related aspects have been evidenced: need for patient privacy, but also ambiguity of speech concerning cleanliness perceived as judgemental regarding quality of life and respectability, “avoidance” of an underrated ancillary procedure, imprecise distribution of tasks within the healthcare team, weakness of patient/carer partnerships, impact of the rapid rhythm and workload resulting from the shift to ambulatory care. It is conceivable that the optimal completion of this useful, non-technical (if not ordinary), cheap and risk-free care encounters many practical obstacles. The authors give us several leads for the improvement of current guidelines, notably the specification of the tasks devoted to each person in a spirit of effective patient partnerships.
Merle V, Consiglio M, Mevel E, Folope V. La douche préopératoire : un patient partenaire pour améliorer la sécurité de sa prise en charge ? Risques & Qualité 2020;17(1):32-36. DOI : 10.25329/rq_xvii_1-thema-5