Du point de vue de la transmission, la qualité de vie au travail (QVT), en tant que projet logique systémique et structuré, peut être décrite, analysée, étudiée, enseignée, en tenant compte d’une réalité : si ce modèle comporte des caractéristiques bien identifiables, dont la pédagogie fait appel à la réflexion, il est aussi offre de changement global du couple bien-être et efficacité, qui touche des structures sensibles de représentation et de croyance, et demande une approche pédagogique spécifique. Tout dessein de former à la QVT répond à un impératif : celui d’inventer soi-même le cadre de référence du sujet. La QVT ne constitue ni projet simple ni une idéologie limitée, et son enseignement doit suivre quatre temps chronologiques : la première étape est celle de la compréhension intellectuelle des principes ; le second temps est relatif aux aspects réglementaires qui situent la QVT dans un cadre de référence ; le troisième temps trace les dispositions méthodologiques qui viennent permettre de mettre en œuvre les notions ; et le dernier temps est celui de la construction personnalisée des modèles d’action. Des problématiques spécifiques se posent : la QVT vise la transformation de nos modes de « penser le travail », et elle s’accommode mieux de l’exercice personnel que du référentiel de contenus. De même, la démarche « inclusive » qu’elle suppose rencontre parfois une limite intellectuelle, lorsqu’est sollicitée la capacité de synthèse, de vision ou de projection. On souligne aussi la sensibilité particulière du modèle de la QVT au champ politique, et l’absence notable du tiers le plus concerné : le patient. La QVT est un véritable changement paradigmatique, et son enseignement entraîne la nécessité d’inventer une pédagogie appropriée.
Toutut JP. Former, enseigner la qualité de vie au travail : pour passer de la théorie à la pratique. Risques & Qualité 2018; 2: 18-22.
DOI: 10.25329/rq_xv_2-2