La plupart des travaux développés dans le domaine de la gestion du risque et de la sécurité des patients concernent les établissements de santé. Le risque semble plus important en établissement de santé car les patients sont fragiles et gravement malades, les soins sont agressifs, les agents infectieux sont résistants, les équipes de soignants sont nombreuses, avec des possibilités plus fréquentes de dysfonctionnements. Mais le risque n’en est pas moins présent en médecine de ville, en particulier parce que le nombre de contacts entre professionnels de santé et patients est élevé, ce qui favorise la survenue d’événements indésirables (EI). Les enquêtes ENEIS 1 et 2 indiquent qu’environ 4,5 % des séjours hospitaliers sont causés par un événement indésirable grave (EIG). Sur les neuf millions de séjours d’hospitalisation complète réalisés en 2009 en médecine et chirurgie, il y aurait entre 330 000 et 490 000 admissions en rapport avec un EIG, dont la moitié pourrait être évitée. En France, en 2010, chaque omnipraticien français pratiquait en moyenne 4 134 actes par an. Aux USA, il y aurait plus de 500 millions de visites par an chez un professionnel de santé en soins primaires, ce qui pourrait occasionner 50 000 erreurs de diagnostic par an. Le risque lié à la thérapeutique est également important. Par exemple, en Grande Bretagne, 4,5 % à 5 % des admissions à l’hôpital seraient en rapport avec des effets indésirables des médicaments.