Curieuse coïncidence : le jour où j'ai commencé la rédaction de cet article, mon quotidien publiait un entretien avec l'écrivain Ph. Delerm, ancien professeur de français en collège : "Le français est illogique, subtil, paradoxal, c'est sa richesse". Je ne pouvais souhaiter meilleure introduction à notre thème, car le mot bientraitance a bien du mal à trouver sa place dans nos dictionnaires et dans notre langue, constitué qu'il est d'un adverbe et du substantif "traitance"apparemment inconnu comme tel, alors que son dérivé sous-traitance est admis. Comprenne qui pourra ! Le paradoxe ne s'arrête pas là. Alors que les mots voisins, malfaisance et malveillance ont leur antonyme positif : bienfaisance, bienveillance, ce n'est pas encore le cas partout pour maltraitance : émergence difficile pour le vocable, sinon pour le concept de bientraitance ! Une consolation : la langue anglaise, habituellement plus concise et précise que la nôtre, traduit maltraitance par abuse et peine à traduire bientraitance : à preuve la périphrase child friendly utilisée par exemple pour une initiative, une institution bientraitante envers les enfants.