Depuis les crises sanitaires des années 1990, la nécessité de déclarer les événements indésirables graves, du fait de leurs conséquences et leurs coûts, est devenue une priorité de santé publique. Plus récemment, il a été montré combien la réflexion sur les incidents précurseurs ou non graves permettait d’anticiper la survenue d’accidents. Les professionnels établissent-ils un lien, ou non, entre les événements mineurs et la survenue potentielle d’un accident grave ? Une enquête, menée auprès de 307 infirmiers d’un centre hospitalier, a permis de répondre à cette interrogation en fonction du cursus des professionnels et de leur lieu d’exercice. Au-delà de la moindre prise en considération de l’événement jugé comme « sans importance », culpabilité et crainte des conséquences semblent rester des motifs de non-déclaration. Certes, il apparaît nécessaire que la politique institutionnelle s’affiche comme non culpabilisante et constructive à l’égard des déclarants. Mais l’enquête montre surtout que c’est par la formation et par un travail de terrain au quotidien, alimenté par des réflexions en équipe sur les retours d’expériences, que la culture du risque évolue positivement, indépendamment du secteur d’exercice des professionnels.