Le bloc opératoire (BO) apparaît comme le principal lieu d’événements indésirables graves (43 %) à l’hôpital. Les approches traditionnelles de prévention portant sur les aspects techniques ont permis une réduction des complications post-opératoires (CPO). Malgré ces progrès indiscutables, les taux de CPO restent élevés. Le domaine beaucoup moins bien exploré des comportements au BO présente de fortes marges de progression. La « discipline » des personnels au BO peut influencer la performance et l’asepsie du geste chirurgical. Cette dernière dépend des conditions de traitement d’air dans le BO, mais aussi de l’émission particulaire et bactérienne des personnels liée à leur habillage, leur nombre et leurs mouvements lors de l’intervention. La littérature actuellement disponible ainsi que les résultats préliminaires de l’étude multicentrique ARIBO montrent : (i) Une grande variation du nombre d’ouvertures de portes durant la chirurgie (dont 60 % évitables) ; (ii) une association significative entre le nombre d’entrées/sorties, le nombre de personnes et la contamination microbiologique de l’air de la salle d’intervention ; (iii) un lien entre le nombre de personnes au BO, le niveau sonore et le risque d’infections du site opératoire. Plusieurs études ont également décrit un nombre considérable de distractions et interruptions (17 à 27/h et 13 % de temps cumulé d’interruption) perturbant le travail et affectant les performances techniques de l’équipe chirurgicale. L’optimisation des comportements des personnels au BO par l’application de techniques de sciences humaines et sociales basées sur le monitorage des comportements, l’amélioration de l’ergonomie et de l’organisation permettraient très probablement de réduire le nombre de survenues de CPO.