En direct de… la SoFraSimS – 12e Congrès de la Société francophone de simulation en santé (SoFraSimS), 19 au 21 juin 2024, Brest, France : immersion et sea-mulation !

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simona antin

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Cesim santé – Université de Bretagne Occidentale – France
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catherine archieri

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Cesim santé – Université de Bretagne Occidentale – France
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alan jade

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Croix-Rouge Compétence – Paris – France
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francisco guevara

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Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon – Paris – France
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isabelle ledoux

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Université de Sherbrooke – Québec – Canada
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erwan l’her

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CHU de Brest – France | Cesim santé – Université de Bretagne Occidentale – France
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marcel quéré

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Cesim santé – Université de Bretagne Occidentale – France | Service départemental d’incendie et de secours du Finistère – Quimper – France
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isabelle robin-paulard

isabelle robin-paulard

École universitaire de kinésithérapie Centre-Val de Loire – Orléans – France
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guénolé tanguy

guénolé tanguy

Institut de formation des professionnels de santé – CHU de Brest – France
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Le Pr Dan Benhamou, président de la Société francophone de simulation en santé (SoFraSimS) et le Pr Erwan L’Her, directeur du centre de simulation en santé à la faculté de médecine de Brest, Université de Bretagne occidentale (UBO), ont accueilli avec honneur et plaisir environ 450 participants au 12e Congrès de la SoFraSimS à Brest. L’UBO étant une université dont les deux axes stratégiques principaux sont la santé et la mer, la thématique principale retenue lors de ce congrès a été celle de l’immersivité au cours de la simulation en santé et son intérêt dans le domaine de la médecine maritime. L’objectif était de mettre en avant l’importance de la simulation et de la gestion des facteurs humains lors d’activités à risque, quels que soient la discipline d’origine et le niveau d’expertise en simulation. Au-delà de cette orientation maritime, les thématiques habituelles de la formation en santé (la pédagogie, la sécurité, l’interprofessionnalité et la coopération) ont trouvé une place importante dans la programmation. Au travers des seize sessions plénières et des quinze ateliers pratiques, les nombreuses facettes de la simulation ont été abordées : la gestion des risques, les situations sanitaires exceptionnelles, la simulation en chirurgie, en anatomie et en pédiatrie, les liens entre simulation et ludification, la standardisation des programmes de simulation, les aspects pédagogiques et techniques de la simulation en santé, la recherche en simulation, les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), etc. Ce programme riche a été possible grâce aux différents partenariats (sociétés savantes, industriels, structures de formation locales ou nationales) et à la participation internationale d’intervenants et de congressistes venant d’une dizaine de pays francophones.


Conférence

Gestion des risques en situation de crise

Pauline Tripet

L’amiral Bernard Rogel (ancien chef de l’état-major particulier du président de la République), fort de sa longue carrière à gérer des crises (militaires, sanitaires, météorologiques…), nous permet de mettre en parallèle le milieu militaire (sous-marinier) et celui des professionnels de santé. Ces deux domaines comportent de nombreux points communs, en particulier l’évolution dans un milieu potentiellement hostile voire dangereux avec un risque humain non négligeable, le devoir de se former continuellement et la capacité de travailler en équipe.

Une situation de crise se caractérise par de l’incertitude (réalité du terrain ? risque de suraccident ?) dans un système dynamique et complexe. La criticité nécessite de prioriser les actions (immédiates/différables) sous la double contrainte de l’urgence et du stress, tout en garantissant la sécurité des personnes. La sécurité doit être la priorité, bien que le principe de précaution ne puisse s’appliquer strictement au risque de paralyser le système. Cela nécessite d’accorder un temps d’analyse des risques car ne pas les maîtriser peut mener à une catastrophe, c’est-à-dire à une perte de contrôle du système (brutale ou insidieuse).

La gestion d’une situation de crise est difficile car elle n’est pas spontanément optimale. Quatre champs d’action sont possibles : organisation, formation et entraînement, communication factuelle (externe avec les médias et interne avec l’équipage), et environnement de travail avec un retour d’expérience systématique.

Quand le système est en fonctionnement normal, il comprend anticipation (cartographie des risques), préparation (plans et procédures), prévention (exercices) et systèmes de veille (analyse des signaux faibles) : le meilleur moyen de gérer une crise est de faire en sorte qu’elle ne se produise pas. Si le système est en crise, des actions sont mises en place : activation et gestion de la cellule de crise, décision (actions, communication), évaluation (impact de la crise), reconstruction et reconquête. La régénération des équipes est également à prévoir.

Dans un sous-marin nucléaire lanceur d’engin, un cycle perpétuel incluant formation continue, entraînement et contrôle des compétences individuelles et collectives, garantit un équipage parfaitement entraîné. L’équipage est jeune et extrêmement qualifié, soudé par une confiance mutuelle indispensable du fait de son évolution dans un milieu dangereux. Le chef d’équipe a été sélectionné pour ses compétences opérationnelles (esprit d’analyse et de synthèse, sens des priorités), et pour sa capacité à dominer l’incertitude, à gérer stress et fatigue pour garantir le calme et contrôler la pression induite par la crise. Il doit emporter l’adhésion de son équipage. Sa sélection nécessite de recréer artificiellement les conditions de stress et de fatigue à l’entraînement car il est difficile d’anticiper la réaction d’un individu en condition de crise (certains révèlent leurs qualités là où d’autres perdent leurs moyens malgré leurs excellents résultats théoriques).

L’organisation intègre des procédures définies et planifiées selon la situation : temps normal ; temps de crise prévisible ; combat. La prévention consiste à optimiser l’environnement, à s’assurer de la fiabilité des systèmes de détection pour traiter immédiatement toute anomalie, et à s’assurer du moral de l’équipe et la tenir au maximum à l’abri de la pression. La situation de crise implique les actions suivantes : mettre en sécurité (éviter le suraccident) ; empêcher la désorganisation (calme et silence imposés par le chef d’équipe) ; parer à l’erreur individuelle (contrôle mutuel permanent) ; éviter les erreurs de modèle (contrôle des automatismes suivis) ; survivre à une panne des automatismes (solutions manuelles de secours) ; empêcher l’incompréhension (partager l’idée et l’action à mener) ; intervenir rapidement (pour ne pas aboutir à une cascade d’événements incontrôlés). Le retour d’expérience est systématique, complet, rapide et collectif.

La simulation : un outil indispensable pour préparer à la gestion de crise

La simulation présente des avantages (formation initiale, entraînement en équipe, acquisition de connaissances théoriques, exercices répétables, ouverture du spectre des risques [de peu à très dangereux]) et des inconvénients (pas de danger réel, absence de stress – à recréer via le bruit, l’ambiance – différence d’environnement – position des instruments).

Il est conseillé de diviser une cellule de crise en quatre entités. La cellule chaude a pour missions la réaction immédiate, la priorisation (avec experts, coordonnateurs) et la tenue d’une main courante (noter quoi, pourquoi et comment sinon on oublie les raisons de l’action. Cela facilite aussi le retour d’expérience – essentiel !). Il faut appréhender la situation en sollicitant sur le terrain des sources sûres. La cellule froide assure le tri, l’aide aux victimes et la gestion de cette aide (à orienter vers les gens qui en ont besoin pour ne pas saturer ses capacités), et l’anticipation (notamment pour permettre la régénération des équipes). La cellule de situation fait des points de situation réguliers – mais pas trop, sinon il ne reste plus de temps pour la réflexion. La cellule de communication s’adresse et répond aux médias et aux familles, idéalement via une ligne téléphonique dédiée qui filtre et dirige les appels vers les instances adaptées. Le chef doit rester en dehors de la cellule chaude pour avoir du recul et être disponible pour donner les ordres. Le succès d’une gestion de crise repose sur une équipe et jamais sur un seul individu.


Atelier

Simulation d’urgence en milieu périlleux : mise en situation et apport à la pratique quotidienne

Maël Blandin

Des cris de douleur résonnent dans la cage d’escalier de la faculté de médecine de Brest. Pas de panique, il s’agit d’une simulation animée par les Dr Jérôme Ducrocq et Ollivier Grimault, médecins urgentistes au CHU de Brest et membres de l’équipe de service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) maritime. Durant cet atelier il sera question de facteur humain.

Les facteurs humains peuvent être définis comme la contribution humaine impliquée dans un événement. L’objectif est de comprendre un système au sein duquel les individus interagissent entre eux et avec leur environnement puis, grâce à cette analyse, de permettre l’amélioration du système et d’éviter au mieux les erreurs. Si cette science est primordiale dans le soin critique, notamment en milieu périlleux où l’environnement est austère et les communications compliquées, elle peut intéresser un grand nombre de professionnels de la santé – en témoigne la diversité de l’auditoire présent pour cet atelier.

Il s’agit ici de discuter des facteurs humains et des techniques pouvant être utilisées, et de les optimiser, à partir d’une situation de départ qui est la simulation en milieu périlleux. Après un court briefing devant une vingtaine de personnes, deux volontaires sont équipés d’une combinaison de Smur maritime. Ils évoluent ensuite en milieu contraint dans les escaliers, attachés à une corde, sous des bandes de signalisation, pour prendre en charge un marin simulant une fracture ouverte et ne parlant pas la même langue, dans un contexte sonore bruyant avec une bande-son de salle des machines et un équipage perturbateur. Tous les curseurs sont volontairement poussés au maximum pour explorer au mieux les facteurs humains.

Après la simulation, le débriefing commence par l’écoute du ressenti des volontaires, puis des observateurs, suivi par la discussion. Comment optimiser les facteurs humains ? Plusieurs points principaux se dégagent : la communication, avec notamment un briefing d’équipe durant la phase d’approche, la fermeture des boucles de communication, la conscience situationnelle durant la phase de contact (sécurité de l’équipe, sécurité du patient, prise en charge, technique, conditionnement, extraction, activation des filières et gestion du temps). L’amélioration de ce modèle doit être permanente. Pour ce faire, il est souligné l’importance des retours d’expérience, l’intérêt des débriefings et, bien entendu, la nécessité d’un entraînement par la simulation.


Atelier

Formation par la simulation des internes en médecine d’urgence

Adrien Acolat

La place de l’apprentissage par la simulation dans la formation des internes en médecine est en plein essor, dans toutes les spécialités et plus particulièrement au sein des disciplines médico-techniques telles que la médecine d’urgence. Or, s’il est maintenant largement admis que les séances de simulation sont nécessaires au cours de la formation initiale des internes, il est parfois compliqué pour les coordinateurs de diplôme d’études spécialisées de médecine d’urgence (Desmu), tant sur le plan des ressources humaines que matérielles, de leur proposer un nombre suffisant de séances.

Accompagnés par des internes de Desmu de leur service, les Dr Jérôme Ducrocq et Nolwenn Boennec, praticiens hospitaliers au sein du département de médecine d’urgence du CHU de Brest, ont élaboré cet atelier pour apporter un retour d’expérience du programme de formation des futurs urgentistes. L’atelier s’est déroulé en deux temps : les congressistes ont d’abord, par groupe de quatre ou cinq, dû élaborer un programme de formation complet des quatre années de Desmu par le moyen d’un jeu de cartes élaboré par les formateurs afin de proposer, pour chaque compétence demandée aux futurs urgentistes, des cours théoriques et différents types de simulation permettant d’en compléter l’apprentissage. La seconde partie de l’atelier consistait à débriefer l’exercice en étudiant les différents parcours de formation proposés par les participants et en les comparant avec la maquette proposée aux internes par les formateurs brestois.

Les maquettes proposées par les congressistes au cours des deux sessions étaient souvent très différentes, mais concentraient généralement la partie théorique de la formation sur les deux premières années d’internat tandis que les séances de simulation étaient réservées aux internes expérimentés. Cela a donné lieu à de nombreux débats au cours du débriefing, après la présentation de la maquette des séances de simulation des internes brestois, puisque ceux-ci bénéficient, en parallèle tout au long de leur formation et dès la phase socle de l’internat (première année), de cours théoriques et de simulations, notamment haute-fidélité et hybrides.

Il est ressorti de ces échanges la singularité de la maquette proposée aux internes brestois, notamment en raison du nombre important de séances proposées au centre de simulation (Cesim) en santé de Brest, dans une infrastructure disposant d’équipements innovants (notamment la plateforme de simulation bateau et hélicoptère), avec des séances rassemblant trois promotions d’internes soit environ trente étudiants.

Comment faire pour que tous les élèves bénéficient de la simulation ? Comment réaliser un débriefing efficace ? Les formateurs brestois ont choisi de se concentrer sur un nombre restreint de scénarios complexes, faisant jouer un nombre important d’étudiants qui, en fonction de leur avancée dans leur formation, jouent les rôles des différents acteurs de la médecine d’urgence pré ou intrahospitalière, afin de prendre la mesure des contraintes imposées à chacun dans les situations d’urgence. Le débriefing qui suit peut sembler complexe au vu du nombre d’étudiants, mais permet d’apporter une expérience à tous sur un maximum de situations, et aux formateurs de parfois rebondir sur leurs interrogations pour apporter des éléments théoriques, simples rappels pour les internes les plus expérimentés, et nouvelles connaissances pour les débutants.

Nul doute que cet atelier aura fait réfléchir plus d’un participant pour faire évoluer ses séances de simulation !


Atelier

Formation de formateur à la pédagogie de la simulation (format court)

Marcel Quéré, Catherine Archieri

Ouvert aux formateurs, aux ingénieurs pédagogiques et aux techniciens, cet atelier était animé par Catherine Archieri, professeure des universités en sciences de l’éducation et de la formation à l’UBO, le Dr François Lecomte de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et Marcel Quéré, sapeur-pompier. L’objectif était d’échanger sur les pratiques des différentes structures (durée, objectifs, contenu, évaluation, nombre de stagiaires, etc.) et de mesurer et d’analyser les écarts existants entre les programmes mis en œuvre et les recommandations de la SoFraSimS.

L’atelier s’est déroulé sous la forme d’un world café où les participants ont été invités à réfléchir en sous-groupes autour de quatre thématiques : la prise en compte des spécificités de l’apprentissage à l’âge adulte dans les programmes de formation, les recommandations de la SoFraSimS, les points forts des formations courtes de formateur des structures représentées, et la place donnée à l’évaluation dans les formations courtes de formateurs. Lors des synthèses réalisées à l’issue des travaux en sous-groupes, le Dr François Lecomte a présenté les dernières recommandations de la SoFraSimS en abordant les items apparus ou modifiés en 2023.

Les deux créneaux horaires, qui étaient ouverts à 25 participants, ont dépassé le nombre de personnes initialement fixé.


Atelier

Adaptation et personnalisation d’un logiciel de réalité virtuelle pour créer un outil de formation répondant aux besoins spécifiques d’un organisme

Marcel Quéré

Une présentation de l’utilisation de la simulation par les sapeurs-pompiers était proposée sur le site de la caserne de Brest où est basée la plateforme de réalité virtuelle du département du Finistère. Cet atelier délocalisé avait pour objectif de présenter l’outil développé par le service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Finistère en personnalisant un logiciel de réalité virtuelle. Le Sdis 29 a assuré le transport de la quinzaine de participants inscrits jusqu’à la caserne brestoise. Cet atelier était animé par Christophe Le Mée, sapeur-pompier, créateur de la plateforme, et Nicolas Capronnier, infographiste. Au cours de cet atelier, différents thèmes ont été abordés, de l’étude de besoin à l’exploitation de la plateforme en passant par les besoins logistiques, financiers, techniques et humains pour mener à bien ce type de projet (création et utilisation).

Le travail de l’infographiste a permis de modéliser différents sites du département, naturels ou bâtimentaires, et d’intégrer les données dans un logiciel de réalité virtuelle afin de créer un support de formation répondant aux besoins spécifiques des sapeurs-pompiers. Lors des formations, les stagiaires sont immergés dans des lieux où ils sont susceptibles d’intervenir avec un fort degré d’implication.

Principalement destinées à la chaîne de commandement, les formations proposées permettent de s’entraîner à la gestion d’interventions de grande ampleur telles que les feux industriels, les feux de forêt, un plan rouge, etc. sans avoir à mobiliser des moyens humains et matériels conséquents.

Les participants à l’atelier ont pu tester les casques de réalité virtuelle utilisés pour ces formations.

Cet atelier avait aussi pour objectif de réfléchir à la dimension pluriprofessionnelle que permet ce type d’outil puisqu’il est tout à fait possible d’utiliser ce logiciel pour la mise en œuvre d’un exercice de plan blanc.


Atelier

Le do-it-yourself : exemple de la médecine vétérinaire

Corinne Lejus-Bourdeau

La simulation en santé s’est considérablement développée en médecine vétérinaire mais est confrontée à la rareté et au coût élevé des outils de simulation actuellement disponibles. La formation procédurale initiale repose souvent sur la construction de simulateurs « maison ». L’atelier animé par le Dr Anne Gogny (praticien hospitalier) et Julie Sauvaget (auxiliaire de soins vétérinaires) portait sur les solutions créatives pour y remédier, développées par l’École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation de Nantes-Atlantique (Oniris VetAgroBio) pour l’apprentissage procédural des étudiants en médecine vétérinaire. L’objectif était de montrer comment il est possible de développer des modèles à partir de matériaux accessibles et peu coûteux sans compromettre l’acquisition des compétences techniques. Les participants à l’atelier ont pu manipuler plusieurs dispositifs de simulation couvrant une variété d’interventions courantes (abord veineux périphérique chez le lapin et le chien, ovariectomie de chatte, sondage urinaire, biopsie endoscopique, gestion d’une malposition fœtale lors de l’agnelage, etc.). La personnalisation de ces outils permet de répondre à des besoins spécifiques en fonction des espèces animales étudiées. L’atelier, fortement inspirant, a aussi été l’occasion d’échanges très riches entre formateurs en médecine humaine et vétérinaire, qui pratiquent des méthodes pédagogiques identiques.


Atelier

Optimiser la rédaction d’un scénario de simulation immersive

Isabelle Robin-Paulard, Marcel Quéré

Proposé en deux sessions successives, cet atelier avait comme objectif principal l’optimisation de la rédaction des scénarios de simulation immersive. Animé par deux experts en simulation formés en pédagogie en santé, Marcel Quéré, formateur au Cesim, et Isabelle Robin-Paulard, responsable du centre de simulation de l’école universitaire de kinésithérapie du Centre-Val de Loire et formatrice au Cesim, il a réuni au total une soixantaine de personnes. À partir de l’analyse collective en sous-groupes de différents scénarios fournis et d’échanges interprofessionnels, il s’agissait de repérer les principes fondamentaux et les règles de bonne pratique pour la mise en place d’une séance de simulation (définition des objectifs pédagogiques, d’une cible et d’outils spécifiques, veille à l’intégration des compétences non techniques et maîtrise de l’élaboration d’une grille de débriefing).

Les spécificités des différents scénarios, qu’ils soient techniques, axés sur la gestion des ressources de l’équipe (crew resource management [CRM]) ou incluant des acteurs et (ou) patients acteurs, ont été identifiées à partir des différents modèles proposés, ce qui a permis de répertorier les éléments intéressants et ceux améliorables dans chaque scénario proposé. Secondairement, une check-list de bonnes pratiques spécifique à chaque sous-groupe a été créée par les participants en fonction de leur expertise.

Bien qu’ambitieux pour une durée si courte, les objectifs de l’atelier semblent avoir été atteints. Les multiples partages d’expérience au sein de chaque groupe ont permis à chacun de repartir avec des outils facilement réutilisables, et les échanges ont contribué à la création d’un réseau interprofessionnel motivé pour poursuivre le travail collaboratif d’amélioration de la qualité des scénarios de simulation.


Table ronde

Bonnes pratiques de simulation en santé

Corinne Lejus-Bourdeau

La session animée par le Pr Dan Benhamou avait pour objectif de présenter le nouveau guide de bonnes pratiques de simulation en santé. Le Dr Marie-Christine Moll, vice-présidente de la SoFraSimS, en charge sous l’égide de la HAS de la réactualisation 2024 des recommandations de 2012, en a présenté le rationnel, les modalités d’élaboration et les principaux messages.

Ces préconisations, élaborées pour la formation continue sur la base de la littérature scientifique et du retour d’expérience de l’évaluation des centres de simulation confiée à la SoFraSimS, sont applicables à toute structure pratiquant la simulation en santé. Elles incitent fortement à la formation des formateurs et à la formalisation de l’organisation de l’activité de simulation. Le concept de plateforme de simulation est défini et développé, dans la perspective d’une définition de critères permettant une labellisation propre. La prévention du risque infectieux fait désormais partie de la gestion de la qualité d’un centre de simulation et de la mise en œuvre des programmes. Ce risque doit être pris en compte dans les scénarios, y compris quand il ne fait pas l’objet d’objectifs pédagogiques spécifiques. La nécessité de développer l’activité de recherche en simulation, notamment sur les dix thématiques identifiées par la conférence internationale de la Society for Simulation in Healthcare en 2011, est soulignée dans un chapitre qui en rappelle les grandes lignes organisationnelles. Un focus a été réalisé par les responsables des groupes de travail sur quatre nouvelles thématiques : les pratiques interventionnelles et chirurgicales (Pr Patrice Crochet, CHU de Rouen), la simulation in situ (Dr Bruno Debien, Emergensim, Paris), la simulation numérique (Pr Granry, ancien président de la SoFraSimS) et l’éthique en simulation (Pr Denis Oriot, CHU de Poitiers).

La simulation chirurgicale a bénéficié d’un essor très important, secondaire à son introduction dans la majorité des maquettes de formation de troisième cycle des disciplines chirurgicales et interventionnelles. Elle obéit aux mêmes principes méthodologiques et pédagogiques que les autres typologies de simulation, notamment la formation des formateurs et l’évaluation de l’impact pédagogique des programmes. Certaines des activités de simulation procédurale nécessitent le recours à des simulateurs virtuels de haute technicité très onéreux, dont le financement doit probablement être rationalisé en fonction du nombre d’étudiants concernés et de la place dans le cursus et en envisageant des mutualisations. La confidentialité des traces d’apprentissage doit faire l’objet d’une réflexion éthique. L’accent a été mis sur la plus-value de la simulation interprofessionnelle in situ pour optimiser la stratégie de la gestion de la qualité et du risque des établissements de santé, et l’amélioration du travail en équipe. L’importance de la préparation logistique de la session de simulation est déterminante pour prévenir toute interférence dans la qualité des soins prodigués aux vrais patients.

L’édition 2024 du guide consacre un chapitre entier à la simulation numérique en raison de l’intégration croissante d’une grande diversité technologique de simulations virtuelles plus ou moins immersives. Elle propose une classification des méthodes en fonction de la nature et du degré d’immersivité, ainsi que des règles de base pour en garantir un bon usage, dans le respect de la méthodologie de la simulation en santé. La nécessité pour les formateurs d’acquérir des compétences spécifiques est soulignée, de même que l’importance de l’évaluation de l’efficience pédagogique de tout outil émergent.

Un enjeu crucial de ces recommandations était de sensibiliser les formateurs à l’ensemble des dimensions éthiques de la simulation en santé. Les quatre piliers (autonomie, bienfaisance, non-malfaisance et justice distributive) de la bioéthique ont été déclinés à travers le prisme de l’apprenant, du formateur et du patient, pour mieux identifier les mesures concrètes dans la conception et le déploiement des programmes en simulation, susceptibles de contribuer à l’optimisation de la formation des professionnels de santé pour garantir les meilleurs soins. Ces nouvelles recommandations devraient être rapidement suivies de la réactualisation du guide d’évaluation des infrastructures de simulation en santé.


Conférence

SimHugo, le réseau de simulation interrégional des hôpitaux du Grand Ouest

Corinne Lejus-Bourdeau

Hugo est un groupement de coopération sanitaire (GCS) regroupant les hôpitaux universitaires du Grand Ouest (Brest, Rennes, Nantes, Angers, Tours, Orléans) ainsi que les CH du Mans et de La Roche-sur-Yon. Le réseau de simulation SimHugo, associe les huit centres de simulation du GCS depuis 2013. Le Pr Corinne Lejus-Bourdeau (CHU de Nantes), animatrice du réseau, en a précisé les principales missions : s’engager dans une démarche commune de labellisation des centres, structurer l’organisation interrégionale de la simulation procédurale chirurgicale, mettre en place des coopérations avec les agences régionales de santé (ARS) pour financer des programmes interrégionaux de simulation, favoriser une réflexion coordonnée sur la formation des formateurs et promouvoir le développement de programmes communs de recherche en simulation. Cette session, animée par le Dr Véronique Delmas (CH du Mans) et le Pr Ludovic Martin (CHU d’Angers), a été l’opportunité de présenter trois projets auxquels a contribué SimHugo.

Le Dr Jean-Baptiste Ducloyer (CHU Nantes) a rapporté le programme interrégional « Mobilité Grand Ouest ! » d’enseignement et de recherche sur la chirurgie de la cataracte, développé par les enseignants en ophtalmologie de l’interrégion grâce à l’acquisition d’un simulateur mobile haute fidélité, cofinancée par les trois ARS (Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Bretagne). L’objectif était de garantir une meilleure formation à tous les internes d’ophtalmologie sans risque pour les patients. Le projet de recherche a porté sur la courbe d’apprentissage et sur l’impact sur celle-ci d’une privation de sommeil.

Le Pr Julien Berhouet (CHU de Tours) a décrit les travaux d’enseignement et de recherche en simulation du réseau HugOrtho, qui rassemble les équipes hospitalo-universitaires d’orthopédie du GCS Hugo. Le réseau a été un appui précieux pour les coordinateurs du DES d’orthopédie d’Hugo pour harmoniser l’enseignement procédural et assurer l’ensemble des modules de formation technique des internes de la discipline, grâce à la mutualisation des équipements et des compétences. L’évaluation des différents dispositifs de simulation a fait l’objet de multiples travaux de recherche, notamment pour explorer la place de la réalité virtuelle dans l’apprentissage de la méniscectomie, la transférabilité des compétences d’ostéosynthèse acquises sur os synthétiques, et la validité de l’apprentissage en réalité virtuelle d’une suture orthoscopique complexe du ligament supraépineux. Un projet de conception en trois dimensions d’une maquette ostéo-articulaire pluritissulaire de genou et un projet de guidage à l’aide de la réalité augmentée pour l’apprentissage par la simulation d’une des étapes de la mise en place d’une prothèse d’épaule ont tous deux bénéficié d’un soutien financier par la réponse à un appel à projets de simulation lancé par SimHugo en 2021.

Le Pr Hubert Lardy a présenté le projet interrégional d’Hugo qui vise à former les chefs de service et les directeurs de pôle à la conduite des entretiens individuels grâce à un programme innovant utilisant la méthodologie de la simulation en santé. Il s’agit d’améliorer les compétences managériales et de communication de l’encadrement médical hospitalier pour mieux gérer les interactions interpersonnelles et les conflits, d’accompagner le développement professionnel des équipes et de contribuer à optimiser la qualité de vie au travail des médecins. Le point fort de cette formation est la mise en situation des apprenants à l’aide de scénarios variés simulant les problématiques complexes qui émergent régulièrement au cours de ces entretiens. Les formateurs interviennent en binôme pour assurer une double expertise en simulation en santé et en ressources humaines. Le réseau SimHugo a collaboré à ce projet afin de contribuer au déploiement d’un programme de formation harmonisé au sein d’Hugo et de s’assurer du respect des bonnes pratiques de simulation en santé.


Atelier

La simulation dans les instituts de formation paramédicaux

Guénolé Tanguy, Alan Jade, Francisco Guevara,
Isabelle Ledoux, David Tran

L’atelier a permis aux participants de réfléchir à deux thématiques essentielles pour la formation paramédicale : la simulation interprofessionnelle et le renforcement des compétences en débriefing. Ce double objectif visait à explorer comment optimiser les pratiques de simulation dans un contexte de formation interdisciplinaire, en intégrant des outils et des méthodes de débriefing adaptés aux besoins des futurs professionnels de santé.

La simulation interprofessionnelle

La première session portait sur la simulation interprofessionnelle et a permis de constater l’importance de cette approche pour renforcer la collaboration entre différents professionnels de la santé. Bien que des projets interprofessionnels existent dans certains établissements, la mise en œuvre de tels dispositifs reste limitée, notamment pour les filières où la collaboration avec les médecins est encore difficile à organiser. Dans les instituts où coexistent plusieurs disciplines, la dynamique interprofessionnelle est plus facile à établir, mais elle est rendue complexe par des enjeux logistiques tels que la gestion d’effectifs importants ou la coordination entre divers établissements. Par exemple, des initiatives comme les tutorats entre infirmiers anesthésistes et kinésithérapeutes, ou entre infirmiers et aides-soignants, ont montré des résultats probants. Ces projets illustrent les bénéfices de l’interdisciplinarité pour la formation paramédicale, particulièrement pour les parcours complexes de patients qui nécessitent une prise en charge concertée.

En parallèle, le cadre théorique a mis en lumière les ressources et référentiels disponibles pour structurer ces approches. La HAS et des associations telles que l’International Nursing Association of Clinical Simulation and Learning (Association infirmière internationale de simulation et d’apprentissage cliniques [INACSL]) fournissent des lignes directrices essentielles pour encadrer les projets de simulation. Le guide interprofessionnel du Collège royal de médecine du Canada et les recommandations de la SoFraSimS sont des ressources solides qui renforcent la pertinence de la simulation dans les formations de santé. Les formateurs peuvent également s’appuyer sur les publications anglophones, traduites via des outils comme DeepL (DeepL SE, Cologne, Allemagne), pour rester informés des dernières avancées. La volonté pédagogique des équipes joue ici un rôle crucial, tout comme la collaboration entre institutions qui permet de mutualiser des ressources souvent insuffisantes et de compenser les disparités entre les infrastructures.

Le renforcement des compétences en débriefing

La seconde session de l’atelier a mis l’accent sur le renforcement des compétences en débriefing, une phase cruciale pour la consolidation des apprentissages en simulation. Actuellement, la pratique du débriefing est inégale et souvent informelle, avec des durées de formation variées et des niveaux d’expertise hétérogènes. Les formateurs manquent de recul et de temps pour structurer un apprentissage par la pratique (APP) et, bien qu’utiles, des outils comme la grille DASH (debriefing assessment for simulation in healthcare, évaluation de débriefing pour la simulation en santé) sont souvent perçus comme complexes et chronophages. Pourtant, l’expérience de terrain montre qu’une pratique régulière du débriefing permet aux formateurs de gagner en assurance et en efficacité. Pour remédier à cette disparité, des références théoriques comme le modèle PEARLS (promoting excellence and reflexive learning in simulation, promouvoir l’excellence et l’apprentissage réflexif en simulation) et le guide de débriefing de Denis Oriot ont été mises en avant, permettant de structurer cette phase essentielle de l’apprentissage.

Cet atelier a aussi permis d’identifier des forces internes et des défis majeurs. Les formateurs engagés, dotés d’une grande motivation, constituent un moteur pour la mise en œuvre de projets de simulation. Ils bénéficient du soutien technique des institutions et travaillent souvent en réseau, ce qui renforce la culture de la simulation et du débriefing. En revanche, la logistique reste un obstacle de taille : le manque de personnel qualifié, les ressources financières limitées et la rareté des infrastructures adaptées entravent la diffusion de pratiques homogènes dans tous les établissements. Par ailleurs, les approches interprofessionnelles rencontrent parfois une résistance au changement, tant au niveau des formateurs que des structures managériales, limitant l’intégration de méthodes plus interactives et centrées sur l’apprentissage collaboratif.

Plusieurs opportunités externes pourraient soutenir le développement de la simulation et du débriefing. Les partenariats avec des organisations comme le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec, Paris), la SoFraSimS ou le Groupement d’études, de recherches et d’actions pour la formation aide-soignante (Géracfas, Ancenis-Saint-Géréon) facilitent l’accès à des webinaires et à des programmes de perfectionnement, essentiels pour le maintien d’une expertise à jour. En outre, les aides financières des ARS et des conseils régionaux permettent de renforcer les infrastructures et de financer les projets de simulation. L’évolution des référentiels de compétences favorise également l’intégration de la simulation dans les cursus paramédicaux, et la participation d’associations d’étudiants enrichit l’adaptation des contenus de formation aux attentes des apprenants.

Cependant, les discussions ont aussi révélé des menaces qui risquent de freiner l’essor de la simulation dans les instituts paramédicaux. Les contraintes budgétaires limitent les possibilités d’investissement en ressources humaines et techniques, et le manque de temps dédié aux activités de simulation constitue un défi constant. La coopération entre établissements et l’alignement des priorités avec les politiques locales, peuvent être difficiles à mettre en œuvre. En l’absence d’une charte ou d’une cartographie précise des ressources formées, les projets risquent de manquer de cohérence et de pérennité, augmentant les inégalités régionales.

L’atelier a formulé plusieurs recommandations pour contourner ces obstacles. Le développement de sessions de simulation in situ, directement dans les milieux hospitaliers, est encouragé pour ancrer l’apprentissage dans un contexte réaliste. La mise en place de comités de pilotage inter-filières faciliterait la coordination entre les disciplines, et les situations sanitaires exceptionnelles offrent des opportunités de simuler des situations de crise. La formation continue des formateurs est cruciale pour maintenir leur expertise et leur capacité à innover.


Conférence

La simulation dans les instituts de formation paramédicaux

Guénolé Tanguy, Alan Jade, Francisco Guevara,
Isabelle Ledoux

La conférence animée par Guénolé Tanguy (Institut de formation des professionnels de santé du CHU de Brest), Alan Jade (Croix-Rouge Compétence, Paris), Francisco Guevara (Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon, Paris) et Isabelle Ledoux (Université de Sherbrooke, Québec, Canada) a offert un panorama complet des pratiques et des défis liés à la simulation dans les formations paramédicales. Leurs interventions ont abordé divers aspects : l’état des lieux des pratiques en France, les freins et leviers associés, les enjeux et les perspectives. Les intervenants ont mis en avant la diversité des pratiques de simulation dans les instituts paramédicaux en France et au Canada. En France, la simulation occupe une place essentielle dans les formations, bien que son intégration reste inégale selon les établissements. Les formations incluent principalement des professions telles que les infirmières, les aides-soignants et les autres professions paramédicales, avec une durée variant de douze à soixante mois selon les filières.

Historiquement, la simulation est présente dans les référentiels de formation paramédicale, comme en témoigne l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence (AFGSU). Cependant, son adoption dans les projets pédagogiques reste hétérogène. Une part importante des établissements adopte cette approche pédagogique mais le degré d’engagement des formateurs est variable, de la simple utilisation de scénarios de base à des simulations immersives et interprofessionnelles.

Les présentateurs ont identifié plusieurs freins à l’implémentation optimale de la simulation, parmi le manque d’infrastructures et de ressources humaines formées, et l’hétérogénéité des pratiques pédagogiques. L’investissement financier et la gestion des espaces pour la simulation constituent également des barrières importantes. Par exemple, bien que certains établissements soient équipés de laboratoires de simulation de haute technologie, d’autres sont contraints d’adopter des solutions « low tech », telles que la simulation « nomade ».

En termes de leviers, les experts soulignent l’importance d’un cadre organisationnel solide et de l’obtention de subventions pour optimiser la gestion des ressources et soutenir les infrastructures. La flexibilité des méthodes de formation, le tutorat des nouveaux formateurs et l’attractivité par l’innovation sont des éléments encourageant une intégration plus vaste de la simulation. La formation interprofessionnelle, permettant de réunir différents métiers pour des simulations collaboratives, est un autre levier important. Cette approche favorise non seulement les apprentissages techniques, mais aussi les compétences de communication et de travail en équipe.

Les pratiques de simulation en formation paramédicale répondent à plusieurs enjeux majeurs. La simulation permet de s’éloigner d’une approche punitive de l’erreur, encourageant les apprenants à apprendre par l’expérimentation et la réflexivité plutôt que par la seule recherche de la performance. Elle permet également d’aborder les situations à risque pour le patient de manière répétée, renforçant la sécurité des soins et la gestion des risques. Soutenues par des outils de débriefing efficaces, ces pratiques aident les apprenants à développer une vision critique de leurs actions et à appliquer leurs connaissances de manière concrète.

Pour les formateurs, l’utilisation de la simulation pose la question de leur montée en compétences. Le débriefing, qui est essentiel dans les simulations, devient un modèle applicable dans d’autres contextes pédagogiques, encourageant une formation continue pour les formateurs eux-mêmes.

Isabelle Ledoux, professeure agrégée et directrice au développement professionnel, à la pédagogie et à la responsabilité sociale de L’École des sciences infirmières de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, a apporté un éclairage particulier sur la simulation dans le contexte québécois. Elle a expliqué comment la simulation est intégrée dans la formation en sciences infirmières, aux niveaux tant académique que clinique. Selon elle, la simulation permet de remplacer une partie des heures de stage par des séances en laboratoire, ce qui offre un apprentissage flexible et immersif. Elle a également insisté sur l’importance de la simulation interprofessionnelle et de la réalité virtuelle, comme l’unité virtuelle de soins intensifs qui propose un environnement immersif pour les étudiants infirmiers. Pour Isabelle Ledoux, l’utilisation de données probantes et la recherche sont essentielles pour valider et améliorer ces pratiques, et elle encourage les collaborations interdisciplinaires pour favoriser une approche d’apprentissage global et innovant. Parmi ses initiatives, on note des projets en partenariat avec des communautés de pratique telles que Virsim1 et des projets de recherche appliqués, comme l’amélioration de l’empathie des soignants en situation d’urgence par des simulations immersives.

Les intervenants ont également partagé leur vision de l’avenir de la simulation en formation paramédicale. Avec les évolutions des référentiels de formation, la simulation devrait devenir une composante standardisée. L’interprofessionnalité continuera à prendre de l’importance, permettant aux étudiants de diverses disciplines de travailler ensemble et de se comprendre pour mieux collaborer une fois sur le terrain. Les avancées technologiques comme la réalité virtuelle, la réalité augmentée, l’intelligence artificielle et les environnements immersifs devraient jouer un rôle central dans les futures pratiques de simulation. Le développement de mannequins simulant des patients, d’environnements en 3D et de plateformes hybrides ouvre de nouvelles possibilités pour enrichir les scénarios d’apprentissage et maximiser l’expérience des étudiants.

Enfin, pour encourager le partage des connaissances et renforcer l’optimisation des pratiques de simulation, les institutions paramédicales pourraient mettre en place des communautés d’acteurs partageant recherches, travaux et expériences. Ce type de collaboration pourrait s’inspirer des initiatives québécoises en sciences infirmières, qui mettent l’accent sur la formation continue et l’innovation pédagogique. La simulation dans les instituts de formation paramédicaux se révèle une approche pédagogique puissante et stimulante, permettant d’adapter la formation aux exigences actuelles en matière de qualité et de sécurité des soins. Les intervenants ont rappelé l’importance de l’ouverture à l’innovation et de la collaboration inter-institutionnelle pour continuer à progresser dans ce domaine. Par le biais de conférences et d’échanges comme ceux organisés par Croix-Rouge Compétence, les professionnels de la formation paramédicale s’efforcent d’adopter des pratiques qui contribuent au bien-être des apprenants et, ultimement, des patients.


Atelier

Utilisation des jeux d’évasion dans les centres de simulation : exemple de l’escape game sérieux

Simona Antin

L’objectif de cet atelier était de démontrer le rapprochement efficace du point de vue pédagogique entre la simulation et la ludification, notamment sur des sujets exigeants, complexes, voire difficiles. Simona Antin, ingénieure pédagogique PhD au Cesim, a proposé aux participants d’expérimenter l’escape game sérieux dont elle est la conceptrice et l’animatrice. Cet escape game sérieux représente le cœur même d’une formation de sept heures (proposée au Cesim depuis 2020) sur le thème des violences conjugales, thème encore peu traité en formation initiale ou continue dans le domaine médical ou paramédical. La mise en situation proposée a été suivie par un débriefing thématique et par des échanges sur la conception du dispositif en question, son intérêt et les contraintes pour la mise en place dans un centre de simulation.

L’intérêt relevé par les participants était avant tout la fonction utilitaire du jeu. La mise en situation (une enquête policière sur un féminicide) permet de sensibiliser, d’informer, d’entraîner les apprenants-joueurs à acquérir une grille de lecture pour le raisonnement clinique, la compréhension du contexte des violences conjugales et le repérage des victimes ou des auteurs. L’objectif est de transmettre un message éducatif, informatif et persuasif (il faut apprendre à oser et agir, chacun à son niveau), grâce à l’immersion, à la coopération et à cette expérience sensible partagée.

Le lien avec la simulation a été facilement fait par les participants car les trois temps pédagogiques du dispositif sont calqués sur les trois phases de la simulation (briefing, mise en situation scénarisée et débriefing) et sur les « 5E » de l’escape game sérieux (évasion, express, énigme, équipe, éducation). Les mécaniques de jeu et le débriefing thématique ont été compris comme favorisant l’analyse de pratiques, la coopération et le partage, et cela selon une démarche interprofessionnelle évidente.

La plus-value identifiée pour ce genre de dispositif réside dans le dosage équilibré entre le jeu (un escape game avec une mise en situation originale et une histoire crédible, ancrée dans la réalité) et les apprentissages (capitalisation de l’expérience ludique, débriefing, apport de connaissances), le tout soutenu par l’environnement technique, matériel et les ressources humaines du centre de simulation (la régie, les salles de simulation équipées, la formatrice et les techniciens mobilisés). Enfin, le scénario générique permet l’adaptation à tous les publics (formation initiale et continue), avec une mobilisation différente des éléments du débriefing en fonction du niveau et des profils des stagiaires.

Les inconvénients recensés concernent notamment l’organisation et la logistique : les centres de simulation ne peuvent recevoir que des effectifs limités en nombre ; l’équipement de la salle de jeu peut être coûteux ou encombrant ; la délocalisation est rarement possible, ou alors elle se fait en « mode dégradé », avec perte d’immersion ; la mise en place peut être chronophage, etc. Mais une fois ces freins levés, l’outil de formation est puissant et surtout très efficace en termes d’apprentissages, de changement de posture et de comportement.


Atelier

Simulation en milieu maritime

Erwan L’Her

Les objectifs de cet atelier étaient multiples. Le premier semble évident, à savoir la formation sur une plateforme immersive de personnels amenés à travailler de façon régulière dans les environnements simulés, ici en milieu maritime, afin de leur permettre d’acquérir des bonnes pratiques ; le second, peut-être moins intuitif, étant de placer tout type d’intervenant dans un milieu contraint, avec de multiples « parasites » comme un environnement difficile, sonore, parfois périlleux, et de le faire travailler sur une prise en compte optimale des facteurs humains.

L’outil utilisé est une plateforme immersive, montée sur vérin, sur laquelle un petit bateau de type semi-rigide est mis en place (il peut être remplacé par d’autres environnements tels qu’une cabine d’hélicoptère, un caisson hyperbare…). Cet environnement bouge et évolue en fonction de l’état de la mer, qui est simulé par projection sur un grand écran à 180°. Divers facteurs environnementaux tels que le vent, les variations de luminosité, les phares, le bruit de la mer et celui de l’hélicoptère qui arrive sont ajoutés, comme autant de facteurs parasites de l’attention ou de modificateurs de la performance. Dans le bateau évolue une petite équipe composée de trois apprenants et souvent d’un mannequin hyperréaliste. Cette équipe doit faire face à une urgence sanitaire alors même que les tâches sont multiples, les contraintes nombreuses et l’équipe extrêmement restreinte.

Travailler la communication, la gestion d’équipe, le leadership, la priorisation, etc. tout en évitant de succomber aux nombreux éléments perturbant le maintien d’une conscience adéquate de la situation devient vite essentiel et ce sont ces points qui sont largement débriefés, bien plus que des aspects maritimes spécifiques. Les tâches s’enchaînent, la communication avec les moyens de secours est perturbée par les conditions climatiques et des outils défaillants, la mobilisation du corps de la victime est complexe au sein de cette petite embarcation, des choix cruciaux doivent être faits !

Nous avons eu la chance au cours de ces ateliers d’embarquer des équipes de professionnels chevronnés, ce qui nous a très vite permis d’aller au-delà des simples aspects techniques et de nous focaliser, lors d’un débriefing de près de quarante-cinq minutes, sur les facteurs humains mis en jeu. La séance était également encadrée par des internes de médecine d’urgence de l’UBO, qui ont partagé avec l’assistance la façon dont un tel outil est déployé au quotidien dans leur formation initiale de troisième cycle.

Note :

1- Projet Virsim : Comparaison d’une simulation de réalité virtuelle avec une simulation impliquant un patient standardisé auprès d’étudiants en sciences infirmières : étude pilote descriptive de l’acceptabilité, de la faisabilité et mesure des effets préliminaires.