
Synthèse des réponses
- Les réponses concernent l’aspect technique de la prévention du risque. Une fiche permet l’évaluation du risque prenant en compte :
- le type de travaux,
- leur proximité avec les services à risque,
- le niveau de risque.
- D’autres fiches proposent les mesures de prévention selon la criticité du risque.
Commentaires
Le risque aspergillaire, de réalisation rare, a des conséquences majeures pour les patients immunodéprimés (taux de mortalité entre 50% et 80%) [1]. Le traitement en est rendu difficile par les résistances aux antifongiques [2]. La contamination se fait par voie aérienne lors de travaux à proximité des patients. L’analyse a priori de chaque situation à risque est nécessaire à sa maîtrise. Les recommandations internationales sont convergentes [1,3,4] : prévention ciblée, en fonction de la nature des travaux et de la fragilité des patients ; protection des patients à toutes les phases du chantier ; chimioprophylaxie ciblée, détection et traitement précoces des personnes atteintes ; surveillance après la fin des travaux. S’y ajoute l’obligation de déclaration des cas à l’agence régionale de santé [5].
Le niveau d’immunosuppression définit trois groupes de patients à risque. Ceux sous ventilation mécanique et les nouveau-nés en unité de soins intensifs/réanimation, ceux atteints de grippe grave, ou de mucoviscidose sont des populations spécifiques [1]. La nature et la localisation des travaux conditionnent leur impact sur le risque [6]. On distingue quatre types, de risque croissant. Le type I (ou A) comprend les inspections, les aménagements intérieurs, la maintenance courante. Le type II (ou B) concerne les travaux de courte durée (un jour ou deux), à petite échelle, produisant peu de poussière et de déchets. Le type III (ou C) correspond soit à des travaux à grande échelle, de plus grande durée, produisant peu de poussière et de déchets, soit à des travaux extérieurs à proximité, responsables d’un empoussiérage important autour de l’établissement. Le type IV (ou D) consiste en des travaux d’intérieur, de gros œuvre avec démolition et construction. Un tableau croisé entre type de travaux et classe de risque des patients définit les actions techniques à entreprendre [6]. Ces actions se combinent de façon adaptée à la classe de risque : étanchéité aux poussières du chantier et des services à risque ; maintien d’une pression négative sur le site du chantier et positive dans les secteurs de soins à risque ; traitement de l’air sur le chantier (filtres) comme dans les services à risque (filtres HEPA, flux laminaire) avec un débit élevé de renouvellement de l’air ; traitement approprié des déchets ; sas d’accès au chantier et aux services de soins avec un dispositif de rétention des poussières au sol ; port de tenue de protection pour les personnels du chantier voire les soignants.
Le pilotage est assuré par une cellule associant équipe opérationnelle d’hygiène, direction de l’établissement et du chantier pour préparer les procédures [4]. Cela permet d’organiser le chantier (et son phasage) et les services (isolement ou transfert des patients), d’informer tous les professionnels, d’aménager la circulation des personnes, de prévoir : la surveillance régulière de la dissémination d’aspergillus au niveau du chantier et des services durant les travaux et avant la remise en fonction normale des différents secteurs ; la décision de chimioprophylaxie ; la détection et le traitement des personnes contaminées.
Il existe donc autant de procédures que de situations spécifiques. Les trames consultables [3,4,6] sont à adapter avec la cellule dédiée.
Références
1- Institut Pasteur. Quelles sont les différentes formes d’aspergillose [Internet]. Paris: Institut Pasteur, septembre 2024. Accessible à : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/aspergillose#quelles-sont-les-diffrentes-formes-daspergillose (Consulté le 03-02-2025).
2- Mayr A, Lass-Flörl C. Epidemiology and antifungal resistance in invasive Aspergillosis according to primary disease: review of the literature. Eur J Med Res. 2011;16(4):153-157.
3- Ruiz-Camps I, Aguado JM, Almirante B, et al. GEMICOMED (Medical Mycology Study Group of SEIMC). Guidelines for the prevention of invasive mould diseases caused by filamentous fungi by the Spanish Society of Infectious Diseases and Clinical Microbiology (SEIMC). Clin Microbiol Infect. 2011;17(Suppl2):1-24. Doi : 10.1111/j.1469-0691.2011.03477.x.
4- Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES), Société française d’hygiène hospitalière (SF2H). Prévention du risque aspergillaire chez les patients immunodéprimés (hématologie, transplantation). Paris: Anaes, SF2H, 2000. 27 p. Accessible à : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/asplong.pdf (Consulté le 03-02-2025).
5- Code de la santé publique. Article Article R1413-79. Accessible à : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000034686956/ (Consulté le 03-02-2025).
6- American Society for Health Care Engineering of the American Hospital Association (ASHE). Infection Control Risk Assessment 2.0. [Internet]. Chicago (IL): ASHE, 2022. Accessible à : https://www.ashe.org/system/files/media/file/2022/05/ICRA-2.0-FORM-202205%20Final.pdf (Consulté le 03-02-2025)