Les connaissances ou le mode de raisonnement prédisent-ils la vulnérabilité des cliniciens au biais d’ancrage pendant le processus diagnostique ?

Les connaissances ou le mode de raisonnement prédisent-ils la vulnérabilité des cliniciens au biais d’ancrage pendant le processus diagnostique ?

Figures

Article de référence

Role of knowledge and reasoning processes as predictors of resident physicians’ susceptibility to anchoring bias in diagnostic reasoning: A randomised controlled experiment

Mamede S1, Zandbergen A2, de Carvalho-Filho MA3, Choi G4, Goeijenbier M5,6, van Ginkel J7, Zwaan L1, Paas F8, Schmidt HG8

1- Institute of Medical Education Research Rotterdam – Erasmus Medical Center (MC) – Rotterdam – The Netherlands
2- Department of internal medicine – Erasmus MC – Rotterdam – The Netherlands

3- Wenckebach Institute (WIOO) – University MC Groningen – Groningen – The Netherlands
4- Department of hematology – University MC Groningen – Groningen – The Netherlands
5- Department of intensive care – Spaarne Gasthuis – Haarlem – The Netherlands
6- Department of intensive care – Erasmus MC – Rotterdam, The Netherlands
7- Department of psychology, methodology and statistics – Leiden University – Leiden – The Netherlands
8- Department of psychology, education and child studies – Erasmus Universiteit Rotterdam – Rotterdam – The Netherlands

BMJ Qual Saf. 2024. Doi : 10.1136/bmjqs-2023-016621. Online ahead of print.

Résumé

Contexte. Les erreurs de diagnostic sont attribuées à des défauts de raisonnement causés par des biais cognitifs. Bien que des expériences aient montré que des biais étaient à l’origine d’erreurs, les médecins ayant une expertise similaire n’étaient pas également sensibles aux biais. On dit souvent que la résistance aux biais s’améliore dès qu’on s’engage dans un raisonnement analytique. L’influence des connaissances n’a jusqu’ici pas été investiguée. Nous avons examiné le rôle des connaissances et du mode de raisonnement, indiqué par le temps à arriver au diagnostic et la confiance en celui-ci, en tant que prédicteurs de la susceptibilité au biais d’ancrage. Le biais d’ancrage se produit lorsque les médecins s’en tiennent à un diagnostic incorrect déclenché par des éléments distrayants saillants (SDF) en dépit d’informations contradictoires ultérieures. Méthode. Soixante-huit résidents en médecine interne de deux hôpitaux universitaires néerlandais ont participé à une expérience en deux phases. Phase 1 : évaluation de la connaissance des caractéristiques discriminantes (c’est-à-dire des résultats cliniques qui permettent de faire la distinction entre des maladies similaires) pour six maladies. Phase 2 (une semaine plus tard) : diagnostic de six cas de ces maladies. Chaque cas se présentait sous deux versions qui différaient exclusivement par la présence ou l’absence de SDF. Chaque participant a diagnostiqué trois cas avec SDF (SDF+) et trois cas sans SDF (SDF-). Les participants ont été répartis au hasard entre les versions des cas. Sur la base de l’évaluation de la phase 1, les participants ont été divisés en groupes de connaissances élevées ou de connaissances faibles. Mesures. Fréquence des diagnostics associés au SDF, temps nécessaire au diagnostic et confiance dans le diagnostic. Résultats. Alors que les deux groupes de connaissances ont obtenu des résultats similaires sur les cas de SDF-, les médecins ayant des connaissances supérieures ont moins souvent succombé au biais d’ancrage que leurs homologues ayant des connaissances inférieures sur les cas de SDF+ (p=0,02). Dans l’ensemble, les médecins ont passé plus de temps (p<0,001) et ont eu moins confiance (p=0,02) dans les cas de SDF+ que dans les cas de SDF- (p<0,001). Cependant, lors du diagnostic des cas de SDF+, les deux groupes ne différaient pas en termes de temps (p=0,88) et de confiance (p=0,96). Conclusion. Les médecins ont apparemment adopté une approche de raisonnement plus analytique lorsqu’ils étaient confrontés à des éléments distrayants, ce qui s’est traduit par une augmentation du temps et une diminution de la confiance, afin de lutter contre les préjugés. Cependant, la délibération prolongée n’explique pas à elle seule les différences de performance observées entre les groupes de connaissances. Le succès dans l’atténuation du biais d’ancrage était principalement prédit par la connaissance des caractéristiques discriminantes des diagnostics.

Abstract

Background. Diagnostic errors have been attributed to reasoning flaws caused by cognitive biases. While experiments have shown bias to cause errors, physicians of similar expertise differed in susceptibility to bias. Resisting bias is often said to depend on engaging analytical reasoning, disregarding the influence of knowledge. We examined the role of knowledge and reasoning mode, indicated by diagnosis time and confidence, as predictors of susceptibility to anchoring bias. Anchoring bias occurs when physicians stick to an incorrect diagnosis triggered by early salient distracting features (SDF) despite subsequent conflicting information. Methods. Sixty-eight internal medicine residents from two Dutch university hospitals participated in a two-phase experiment. Phase 1: assessment of knowledge of discriminating features (ie, clinical findings that discriminate between lookalike diseases) for six diseases. Phase 2 (1 week later): diagnosis of six cases of these diseases. Each case had two versions differing exclusively in the presence/absence of SDF. Each participant diagnosed three cases with SDF (SDF+) and three without (SDF−). Participants were randomly allocated to case versions. Based on phase 1 assessment, participants were split into higher knowledge or lower knowledge groups. Main outcome measurements. frequency of diagnoses associated with SDF; time to diagnose; and confidence in diagnosis. Results. While both knowledge groups performed similarly on SDF- cases, higher knowledge physicians succumbed to anchoring bias less frequently than their lower knowledge counterparts on SDF+ cases (p=0.02). Overall, physicians spent more time (p<0.001) and had lower confidence (p=0.02) on SDF+ than SDF− cases (p<0.001). However, when diagnosing SDF+ cases, the groups did not differ in time (p=0.88) nor in confidence (p=0.96). Conclusions. Physicians apparently adopted a more analytical reasoning approach when presented with distracting features, indicated by increased time and lower confidence, trying to combat bias. Yet, extended deliberation alone did not explain the observed performance differences between knowledge groups. Success in mitigating anchoring bias was primarily predicted by knowledge of discriminating features of diagnoses.

Article

Citation

Laurent M. Les connaissances ou le mode de raisonnement prédisent-ils la vulnérabilité des cliniciens au biais d’ancrage pendant le processus diagnostique ? Risques & Qualité 2024;(21)2;119-120.

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