L’étude ENEIS a pour objectifs d’estimer l’incidence des événements indésirables graves liés aux soins (EIG) pris en charge dans les établissements de santé (ES) publics et privés français et d’en connaître la part évitable. Il s’agit d’une étude d’incidence sur une population ouverte de patients hospitalisés et observés pendant 7 jours au maximum. L’échantillon était randomisé, stratifié, avec sondage en grappe à trois degrés (départements, établissements et unités de soins de médecine et de chirurgie). Un infirmier a détecté des événements à l’aide de 17 critères puis un médecin a analysé, avec le médecin en charge des patients et le dossier du patient, le caractère lié aux soins, la gravité et la nature évitable des événements détectés. La fréquence des EIG a été estimée par la proportion des patients admis pour un EIG et la densité d’incidence des EIG pendant l’hospitalisation. L’étude a été menée sur 292 unités tirées au sort dans 71 ES. L’échantillon de séjours était constitué de 8754 patients observés pendant un total de 35234 journées d’hospitalisation. Parmi les 450 EIG, 40 % ont été considérés comme évitables. Pendant le suivi de sept jours, au moins un EIG a été observé dans 66 % des unités de chirurgie et 58 % des unités de médecine. Ils sont survenus surtout chez des patients fragiles, de quatre ans plus âgés que la moyenne. Les EIG ont causé 3,9 % (IC à 95 % [3,3-4,6]) de l’ensemble des séjours. Les deux tiers faisaient suite à une prise en charge en médecine de ville, les autres étant une réadmission consécutive à une prise en charge hospitalière antérieure. Parmi eux, 45 % ont été considérés comme évitables. Les médicaments étaient à l’origine de près de 40 % de ces EIG. La densité d’incidence des EIG survenue au cours de l’hospitalisation était de 6,6 pour 1000 journées d’hospitalisation (IC à 95 % [5,7-7,5]). Parmi eux, 37 % ont été jugés évitables. Les EIG liés à des actes invasifs, et en particulier les interventions chirurgicales, étaient les plus fréquents.