Synthèse des réponses
- La meilleure solution est de s’adresser aux anesthésistes-réanimateurs de votre établissement.
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L’anesthésie locorégionale (ALR) peut être utilisée seule ou en association avec une anesthésie générale (AG) ou une sédation plus ou moins légère pour permettre un acte chirurgical et contribuer à l’analgésie post-opératoire. Ses modalités diffèrent suivant l’objectif recherché et la nature de l’acte chirurgical. Comme pour tout acte chirurgical nécessitant une anesthésie, la surveillance en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI) s’impose pour contrôler les effets résiduels des médicaments anesthésiques et faire face aux complications liées à l’intervention ou à l’anesthésie [1]. Le patient est alors sous la responsabilité d’un médecin anesthésiste-réanimateur (MAR) qui peut intervenir sans délai. Lui seul autorise la sortie de SSPI, quand le patient a recouvré, de façon stable, une autonomie respiratoire, un équilibre circulatoire et une récupération neurologique. Si le MAR l’autorise, le retour direct en secteur d’hospitalisation est possible pour les seuls patients ayant bénéficié d’une anesthésie topique (application d’un anesthésique local au contact de la structure à anesthésier sans devoir recourir à une injection) ou locorégionale périphérique sans AG ou sédation intraveineuse [2]. Pour ces derniers, les conditions sont strictes, sous couvert d’un accord entre le MAR et l’opérateur, conformément à une procédure écrite sous la responsabilité d’un MAR : les rachianesthésies et les anesthésies péridurales (blocs centraux) sont exclues de ce champ ; le personnel infirmier est qualifié pour cette surveillance ; l’intervention s’est déroulée sans incident per-opératoire ; les moyens nécessaires à la prise en charge immédiate d’une complication sont utilisables sans délai ; un MAR peut être joint sans délai pour intervenir. Ces modalités sont validées en chirurgie orthopédique des membres [3]. Le risque principal est la résorption systémique des anesthésiques locaux justifiant de ne pas permettre la sortie de SSPI moins de 45 minutes après un bloc du membre supérieur et moins de 60 minutes après un bloc du membre inférieur [4]. Dans ce cas, conscience, état respiratoire et hémodynamique doivent être surveillés pour la durée du risque de résorption sanguine [3]. Au-delà, la surveillance ne porte que sur la douleur, les nausées et vomissements et la motricité, altérée de façon variable selon l’ALR pratiquée. Le retour intégral de la sensibilité ou de la motricité n’est pas un préalable, même pour une prise en charge ambulatoire [5]. Cependant une durée du bloc très supérieure à sa durée prévisible doit évoquer une lésion nerveuse [6]. Les critères de surveillance doivent donc être précisés en fonction du type d’ALR et de chirurgie. Pour les blocs centraux ou quand une AG ou une sédation a été nécessaire, l’objectif est l’obtention d’un score compatible avec la sortie de SSPI selon sept critères : degré de conscience, motricité, stabilité hémodynamique, stabilité respiratoire, saturation en oxygène, douleur, nausées et vomissements [7]. La présence d’un cathéter périnerveux ou périmédullaire justifie une surveillance spécifique. La multiplicité des situations cliniques et la nécessité de disposer de protocoles impliquant les MAR justifient donc d’élaborer les modalités de surveillance adaptées aux pratiques et aux conditions locales avec ces derniers.
Références
1- Article D6124-97. Code de la santé publique. Accessible à : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006917091 (Consulté le 28-08-2024).
2- Article D6124-98-1. Code de la santé publique. Accessible à : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000037546609 (Consulté le 28-08-2024).
3- Bloc S, Mercadal L, Cuny P, et al. Fast-tracking en anesthésie locorégionale périphérique : étude préliminaire de faisabilité. Ann Fr Anes Reanim. 2010;29(10):716-719. Doi : 10.1016/j.annfar.2010.05.011.
4- Ecoffey C. Pourquoi le bypass ou le court-circuit de la SSPI ? Le praticien en anesthésie réanimation. 2022;26(3):125-126. Doi : 10.1016/j.pratan.2022.04.007.
5- Société française d’anesthésie et de réanimation. Recommandation formalisée d’experts. Prise en charge anesthésique des patients en hospitalisation ambulatoire. Ann Fr Anesth Réanim. 2010;29:67-72. Accessible à : https://sfar.org/wp-content/uploads/2015/10/2_AFAR_Prise-en-charge-anesthesique-des-patients-en-hospitalisation-ambulatoire.pdf (Consulté le 28-08-2024).
6- Société française d’anesthésie et de réanimation. Recommandations pour la pratique clinique. Les blocs périphériques des membres chez l’adulte. Ann Fr Anesth Réanim. 2003;22(6):567-581. Doi : 10.1016/S0750-7658(03)00165-5.
7- White PF, Song D. New criteria for fast-tracking after outpatient anesthesia: a comparison with modified Aldrete scoring system. Anesth Analg. 1999;88(5):1069-1072. Doi : 10.1097/00000539-199905000-00018.