26 septembre 2023

Un essai de quantification des conséquences des erreurs de diagnostic

Background. Diagnostic errors cause substantial preventable harms worldwide, but rigorous estimates for total burden are lacking. We previously estimated diagnostic error and serious harm rates for key dangerous diseases in major disease categories and validated plausible ranges using clinical experts. Objective. We sought to estimate the annual US burden of serious misdiagnosis-related harms (permanent morbidity, mortality) by combining prior results with rigorous estimates of disease incidence. Methods. Cross-sectional analysis of US-based nationally representative observational data. We estimated annual incident vascular events and infections from 21.5 million (M) sampled US hospital discharges (2012-2014). Annual new cancers were taken from US-based registries (2014). Years were selected for coding consistency with prior literature. Disease-specific incidences for 15 major vascular events, infections and cancers (‘Big Three’ categories) were multiplied by literature-based rates to derive diagnostic errors and serious harms. We calculated uncertainty estimates using Monte Carlo simulations. Validity checks included sensitivity analyses and comparison with prior published estimates. Results. Annual US incidence was 6.0 m vascular events, 6.2 M infections and 1.5 M cancers. Per ‘Big Three’ dangerous disease case, weighted mean error and serious harm rates were 11.1% and 4.4%, respectively. Extrapolating to all diseases (including non-’Big Three’ dangerous disease categories), we estimated total serious harms annually in the USA to be 795 000 (plausible range 598 000-1 023 000). Sensitivity analyses using more conservative assumptions estimated 549 000 serious harms. Results were compatible with setting-specific serious harm estimates from inpatient, emergency department and ambulatory care. The 15 dangerous diseases accounted for 50.7% of total serious harms and the top 5 (stroke, sepsis, pneumonia, venous thromboembolism and lung cancer) accounted for 38.7%. Conclusion. An estimated 795 000 Americans become permanently disabled or die annually across care settings because dangerous diseases are misdiagnosed. Just 15 diseases account for about half of all serious harms, so the problem may be more tractable than previously imagined.

Commentaire du Dr Marius Laurent (PAQS)

  • J’avoue ma perplexité devant l’éclosion d’articles catastrophistes soulignant l’ampleur dantesque des conséquences des « erreurs médicales ». Les auteurs estiment à plus ou moins 800 000 par an les patients décédés (371 000) ou invalidés (424 000) à la suite d’erreurs diagnostiques (dans l’hôpital ou en dehors de celui-ci) aux États-Unis. Pour simple information, le chiffre de 800 000 est l’ordre de grandeur de la totalité des décès hospitaliers annuels aux USA. L’article est tout frais, il est au stade de la prépublication au moment d’écrire ce commentaire. Il s’appuie sur des estimations de fréquence d’erreurs de diagnostic dans des pathologies responsables de la majorité des décès et complications dans la population globale, publiées dans des études sérieuses (pathologies cardiovasculaires par exemple) ou des registres (cancers), et les chiffres d’erreur de diagnostic publiés par ailleurs pour chacune des catégories diagnostiques étudiées. Les auteurs admettent volontiers que ces croisements de sources sur lesquelles ils ont peu de contrôle sont toujours sujets à la critique, mais leur estimation la plus optimiste ne diminue ce chiffre qu’à 500 000 ce qui reste considérable. Les sources et les modes de calcul et estimation sont clairement décrits, et sont la plupart du temps spécifiques aux États-Unis, même si quelques chiffres internationaux sont inclus. Ce qui manque cruellement à l’étude, c’est un dénominateur : les auteurs n’en introduisent la notion que pour nous rassurer en nous disant que les « chances » pour un patient qui consulte de souffrir de conséquences graves d’une erreur diagnostique sont inférieures à une pour mille. L’appel du pied de David Newman-Toker en faveur d’un plus grand investissement public pour l’étude des erreurs de diagnostic est aussi celui (pro domo ?) d’un homme qui est un fondateur de la Society for the improvement of diagnosis (SIDM), qui en fut président, et dont la réputation scientifique repose sur son expertise dans ce domaine particulier. Attendons avec intérêt les commentaires qui suivront vraisemblablement cette publication, et regrettons amèrement le total manque d’intérêt dont souffre la prise en compte de l’erreur de diagnostic dans nos pays francophones. Souligner sa fréquence peut faire sortir le sujet de l’ombre : l’erreur de diagnostic est traditionnellement absente des signalements d’événements indésirables, tout en étant une vedette des motifs de plaintes des patients.

Newman-Toker DE, Nassery N, Schaffer AC, et al.Burden of serious harms from diagnostic error in the USA. BMJ Qual Saf 2023. Doi : 10.1136/bmjqs-2021-014130.