17 octobre 2024

Une revue de plus sur l’effet des longues périodes de garde

Introduction. There has been widespread international implementation of duration-hour restrictions to prevent surgical resident burnout and promote patient safety and wellbeing of doctors. A variety of Extended-Duration Work Shifts (EDWS) have been implemented, with a variety of studies examining the effect of shift systems on both surgical performance and the stress response unestablished in the literature. Methods. This was a systematic review evaluating the impact of extended working hours on surgical performance, cognitive impairment, and physiological stress responses. The review used PubMed, Ovid Medline, Embase, and Google Scholar search engines between September and October 2021 in accordance with Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses guidelines. Filters including studies carried out after 2002 and published in the English language were applied. Results. In total, 30 studies were included for analysis. General surgery was the most commonly studied rotation, with Neurosurgical, Orthopedic, and ear, nose and throat specialties also included. The majority of studies found no difference or a significant improvement in post-EDWS on simulated performance. EDWS appeared to have the greatest impact on physiological stress markers in junior surgical trainees. Conclusions. Experience appears to confer a protective element in the postcall period, with preservation of skill demonstrated. More experienced clinicians yielded lower levels of physiological markers of stress, although variability in hierarchical workload should be considered. Heterogeneity of findings across physiological, cognitive, and psychomotor assessments highlights the need for robust research on the optimum shift pattern prevents worker burnout and promotes patient safety. Future research to evaluate correlation between stress, on-call workload, and performance in the postcall period is warranted.

Commentaire du Dr Marius Laurent (PAQS)

  • Des recommandations américaines existent depuis 2002 pour limiter la durée des périodes de travail des internes et résidents à un maximum de 12, 16 ou 24 heures selon les cas. Des recommandations européennes allant dans le même sens ont été publiées en 2003 et ont été traduites dans les législations nationales respectives dans les années qui ont suivi. Alors que chacun s’accorde pour dire que la fatigue ou le manque de sommeil accroît le risque d’erreur, ces nouvelles règles ont été critiquées, parfois violemment. Par les gestionnaires d’hôpitaux qui comptaient jusque-là sur une main-d’œuvre taillable et corvéable, et par des cadres médicaux académiques qui y voient une détérioration de l’enseignement et des possibilités d’acquisition d’expérience. La revue actuelle porte sur l’effet de périodes de roulement supérieures à 12 heures, elle ne modifie pas le paysage qui semble immuable : on ne peut démontrer une dégradation ni de la sécurité pour les patients, ni de la qualité des soins causée par ces roulements prolongés même s’ils ont des effets délétères sur la qualité de vie et du sommeil de ces spécialistes en formation. Les médecins en début de formation sont plus affectés que les seniors, mais leur charge de travail n’est pas forcément comparable. Des troubles cognitifs sont plus fréquemment observés chez les médecins exposés à des veilles longues, l’effet de ces troubles a été l’objet d’études par simulation, qui pour la plupart ne montrent pas d’effet sur la sécurité des patients (l’existence d’un effet Hawthorne a été évoquée à ce propos). Je reste persuadé que le sujet est biaisé : je ne suis pas sûr qu’il soit aisé de construire et de financer une étude qui va à l’encontre des intérêts de systèmes hospitaliers en difficulté, des convictions d’une génération de cadres universitaires qui ont vécu dans le respect de ce « curriculum caché » qui voit en l’expression de sa fatigue une faiblesse professionnelle, et qui perpétuent cette vision en la rationalisant (« il va falloir prolonger les formations »). De plus, peu d’études ont effectivement observé directement les temps de travail, et la plupart partent du principe que la loi est observée et que l’on peut comparer l’avant et l’après, ce que mon expérience me pousse à considérer comme une hypothèse optimiste.

Feeley AA, Timon C, Feeley IH, Sheehan E. Extended-duration work shifts in surgical specialties: a systematic review. J Surg Res. 2024;293:525-38. Doi : 10.1016/j.jss.2023.08.024.